Suranalyse : Le vestiaire de Jacques Martin

Les choses évoluent vite dans le monde de Canadien. Jusqu’à mercredi dernier, en raison d’un horrible début de saison, la planète surmédiatique était en crise. Jean-Charles Lajoie expliquait même à un Benoît Dutrizac médusé que de nombreuses choses allaient mal au Québec, avec en tête, sur un pied d’égalité, “tout ce qui peut se passer dans les tractations au niveau de la construction et de l’octroi des contrats, mais y’a aussi la situation du Canadien”. Ok, “bye”, allait conclure Dutrizac suite au laïus de son collaborateur dont il trouvait la poésie moins drôle qu’en général.

La “patente” d’enquête et les déboires de Dany d’Occupation Double n’étaient à ce moment rien à côté de la déconfiture de Canadien. C’est que voyez-vous, il n’existe pas de chaîne spécialisée en commission d’enquête alors qu’il en existe deux en Canadien.

C’est sur l’une d’elles, TVA Sports, que la question de l’avenir de Jacques Martin fut posée en premier. Disons que notre ami Georges Laraque a un agenda caché plutôt mal caché : “ça n’a rien à voir avec le fait que je l’aimais pas ou que je l’aimais pas… j’fais juste te parler du point de vue de qu’est-ce qu’y’a gagné”. Laraque ne s’en prend pas à Martin parce qu’il ne l’aime pas, ni parce qu’il ne l’aime pas. Tirez-en vos propres conclusions.

À l’émission Le Match sur le même réseau, on se gardait bien de vouloir parler trop rapidement de l’éventuel congédiement du coach. “Tu vas être honnête là, y’a personne qui parle de congédiement, y’a personne, y’a personne qui va parler de congédiement ici, y’a personne qui va avoir la tête de Jacques Martin”, promettait l’animateur Dave Morissette à Enrico Ciconne… 33 secondes avant d’annoncer la “Question Vidéotron” du jour : “est-ce qu’un changement d’entraîneur est la solution aux problèmes du Canadien.

Au “5 à 7” de RDS, les animateurs Yannick Bouchard et Frédéric Plante se sont faits plus raisonnables en préparant une pièce de théâtre qui devrait être en nomination au prochain gala des Masques. Quatre minutes sur la thématique de la panique anticipée : “allo les pièces ? c’est Frédéric en compagnie de Yannick ici, Chantal aussi… on voulait savoir, est-ce que c’est possible de faire livrer un bouton panique, ou du moins en commander un ?”. Pas de stress pour l’instant donc, mais commencez à stocker des vivres.

À l’antichambre, Michel Bergeron, lui, l’avait déjà reçu son “bouton panique” : “la maison est en feu là!”, postillonnait-il. Il faut dire que la position enviable de Travis Moen au sommet du classement des pointeurs de l’équipe avait sonné l’alarme des experts. Il n’y pas de fumée sans feu.

Avant le match contre les Panthers, la grogne se faisait aller plutôt intensément. C’est à ce moment que Réjean Tremblay a tenu à remettre les pendules à l’heure quant à l’origine de la crise lors de sa chronique chez Paul Houde : “faut pas qu’on se flatte trop la bedaine, mais c’est à cette émission-là qu’on a commencé à poser des questions en premier hein”. 33 secondes après avoir pris le crédit d’être celui qui avait mis le feu à la maison, il implorait toutefois le peuple de se calmer : “avant de crier à la panique, avant de hurler au putois, comme un putois, on va attendre un peu là !

Heureusement, au travers de tous ces cris de détresse, certains experts avaient des solutions à proposer. “Il y a une solution : il faut retrouver le chemin de la victoire”, estimait Mario Tremblay à CKOI. Quant à Richard Labbée, perdu sur les ondes de CHOI Radio X, sa suggestion était un peu plus terre à terre : “Jacques Martin ne peut pas faire grand-chose, honnêtement, il doit espérer que ça se replace, il doit se croiser les doigts”. Voilà de judicieux conseils.

Après la défaite contre la Floride, l’angoisse chez les experts et les amateurs était à son paroxysme. D’autant plus qu’elle survenait juste après qu’un Georges Laraque déguisé en journaliste d’enquête révélait en exclusivité chez TVA Sports qu’il avait parlé à un mystérieux joueur qui lui aurait dit que le vestiaire de Jacques Martin était en perdition. Selon Laraque, un entraîneur peut être aimé ou pas aimé, mais pour ce qui est “d’un respect”, c’est complètement différent. Et ledit respect n’était plus totalement au rendez-vous.

Surtout que toujours selon la taupe de Laraque, il y aurait un rat dans le vestiaire (on dit aussi que Pacioretty serait fort comme un boeuf) : “tsé les entrevues que Mathieu Darche fait, il parle beaucoup de ce que le coach a déjà dit… pis tsé souvent quand t’as une bonne relation avec l’entraîneur, les joueurs regardent ça un peu, c’est un petit peu téteux comme on dit”. Un joueur de Canadien qui sort la cassette en entrevue ! Voilà une attitude qui doit effectivement bousculer les habitudes de l’équipe.

D’ailleurs, après la défaite contre les Panthers, Erik Cole semblait sur le bord de la dépression en entrevue d’après-match. À la télévision, Jean-Charles Lajoie jubilait à l’idée de pouvoir enfoncer une fois de plus un clou dans la tombe de Jacques Martin. “M. Molson, vous avez laissé les hommes de hockey de votre organisation s’isoler, se recroquevillant en un groupe hermétique, vous avez permis à Gauthier et Martin de se peinturer dans l’coin, vous avez désormais le devoir de procéder à un ménage qui sera aussi important qu’improbable, mais qui devient incontournable”, expliquait Lajoie, ce qu’on aurait pu traduire, en enlevant les mots superflus par “M. Molson, vous avez laissé Gauthier et Martin faire, vous devez maintenant les renvoyer”.

Molson, sans doute à l’écoute de TVA Sports, n’a pas tardé à ne rien faire. C’est plutôt Pierre Gauthier qui le lendemain congédiait le pauvre Perry Pearn, un geste qui allait le faire passer pour un génie de la trempe de Steve Jobs et/ou Léonardo Da Vinci puisque Canadien allait gagner ses trois matchs suivants. Tout va maintenant pour le mieux dans le meilleur des mondes de Canadien.

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